La Goélette scientifique TARA traversera cet été la gyre du Pacifique Nord

Actuellement dans l'Océan Pacifique, la goélette scientifique Tara traversera - entre le 19 juin et le 2 juillet prochain - le gyre du Pacifique Nord où la concentration de plastique compte parmi les plus importantes (Great Pacific Garbage Patch). À son bord, l’équipe scientifique menée par Maria-Luiza Pedrotti (Laboratoire Océanologique de Villefranche-sur-Mer) étudiera la vie qui prolifère dans ce vortex de plastique et les interactions entre le vivant et microplastiques. 

The Tara Foundation innovates with a new way to finance Ocean research] In the face of climate change, research on the Ocean must move forward quickly. Confronted with the challenge of financing our scientific missions, the Tara Foundation innovates #OceanMiner, a new system imagined by FF Los Angeles for generating Bitcoins from tidal energy in order to support Ocean research.

Point de vue
Par Jeff Ghiglione, directeur de recherche en écotoxicologie au CNRS
& Romain Troublé, directeur général de la Fondation Tara Expéditions

"Elles font aujourd’hui le tour des réseaux sociaux comme aucun autre sujet lié à la mer. Les images-chocs de sacs plastiques, bouteilles et autres filets de pêche flottants en mer suscitent l’indignation, tandis que de nombreuses initiatives fleurissent à la surface et à la faveur de l’Océan. Que doit-on véritablement comprendre de ce fléau, né il y a à peine 5 décennies ? Quelle réalité au-delà du bruit médiatique devenu peu à peu brouhaha ? A la lumière des recherches scientifiques, la solution ne sera pas trouvée en mer.

Ici des bateaux-poubelles ou bateaux-recycleurs, là des collectifs citoyens, ou encore des filets géants pour récupérer à la surface les plastiques flottants. La mobilisation et les idées se multiplient à travers le monde. Elles mettent bien en évidence les enjeux et contribuent ainsi à la sauvegarde de l’océan.

Mais au-delà de l’effet d’image et de la nécessaire médiatisation de cet enjeu, ce brouhaha agit comme un écran de fumée. A force de trop communiquer sur des « continents plastiques » qu’on pourrait nettoyer par des solutions-miracles, nous passons à côté de l’essentiel.

Pour les scientifiques engagés avec la Fondation Tara, il est urgent de mettre en lumière cette pollution invisible au pouvoir de nuisance le plus important : les micro-plastiques. Plus petites qu’un grain de riz, ces particules entrent en interaction avec un très grand nombre d’organismes marins et représentent un danger potentiel - encore très peu documenté - pour toute la chaine alimentaire marine. Du plancton jusqu’à notre assiette.

A mieux regarder les chiffres, 250 milliards de particules flottent à l’échelle toute relative de la Mer Méditerranée. On se demande comment se débarrasser d’une pollution aussi diffuse à l’échelle planétaire. Et les chercheurs de montrer que contrairement à l’idée de plus en plus répandue d’un seul « continent plastique », tel un conglomérat, en fait il y a des micro-plastiques partout, y compris en Arctique. Ces micro-plastiques ne pourront bien entendu pas être collectés. Et les marins qui connaissent l’immensité de l’océan savent bien que le « ramassage » est vain face à l’étendue du fléau. Les solutions devront venir de la terre.

A bord de Tara, les scientifiques étudiant la dégradation et les interactions avec le vivant, ne voient pas d’autre solution que de limiter drastiquement les plastiques à usage unique, de mieux gérer les déchets à terre, d’empêcher qu’ils atteignent la mer et d’inventer de nouveaux matériaux. Car aujourd’hui, rares sont les plastiques dits biodégradables qui se dégradent réellement en mer.

Bien sûr, ce que nous nettoierons sur les plages ou dans l’Océan sont des symboles aussi forts que pédagogiques. Mais il est fondamental de soutenir la recherche et l’innovation sur les plastiques biodégradables, les emballages de demain et l’éco-conception des produits.

Pour la Fondation Tara - engagée sur cette question depuis dix ans - la science doit permettre de réelles prises de décisions politiques et convaincre les industriels comme les consommateurs. Car loin des clichés d’une mer-poubelle, des tortues qui s’étranglent ou des oiseaux marins morts sur les plages, c’est aussi dans les hémicycles qu’il faut innover pour une économie circulaire. A l’instar de la mobilisation internationale pour régler le problème de la couche d’ozone, c’est au G7, à l’ONU et à l’Union Européenne d’en faire une question de santé publique internationale."

Pour suivre la traversée du Pacifique Nord de la goélette Tara :
www.taraexpeditions.org

Ou rendez-vous sur les pages dédiés :
https://www.facebook.com/tara.expeditions

La Fondation Tara Expéditions organise des expéditions scientifiques pour étudier et comprendre l’impact des changements climatiques et de la crise écologique sur l'Océan. Ces expéditions scientifiques sont menées en collaboration avec des laboratoires et institutions scientifiques internationales. La Fondation Tara Expéditions agit aussi concrètement pour renforcer la conscience environnementale du grand public et des jeunes. Enfin, la Fondation développe un plaidoyer afin de mobiliser la société et inciter les décideurs àfaire de l'Océan une responsabilité commune.