PLASTIC ODYSSEY fait le point sur les fake news autour de la pollution plastique des océans
A l’occasion de la journée mondiale des océans et au terme de 4 ans d’enquête, l’association Plastic Odyssey propose un état des lieux sur la réalité de la pollution plastique des océans et tord le cou à quelques idées reçues ! Explications.
Delphine Marteau pour Plastic Ethics
La pollution plastique des océans, une question majeure et quelques fantasmes
La préservation de l’environnement, l’économie circulaire et en particulier la problématique de la pollution des océans par le plastique sont des préoccupations majeures aux enjeux complexes et aux solutions variées. Peut-on collecter le plastique qui pollue les océans, de quoi est composé le fameux « 7ème continent de plastique », d’où vient le plastique en mer, ou encore la pêche est-elle réellement responsable de la pollution plastique ? Autant de questions auxquelles a répondu Plastic Odyssey dont le projet global vise à réduire la pollution plastique des océans.
Pendant 4 ans, Simon Bernard, Président de Plastic Odyssey, a mené une enquête, s’appuyant sur les rapports scientifiques autour de la pollution plastique. Pour le grand public, certaines mises au point sont aussi nécessaires qu’inattendues.
Que contient exactement le 7ème continent de plastique ?
Bien que cette zone corresponde à une forte concentration de microparticules, elle n’est pas visible à l’œil nu. Plus de 14 millions de tonnes de plastique sont déversées chaque année dans les océans* mais seule une infime minorité est présente à la surface. C’est ce que les scientifiques appellent le “mystère plastique”. S’il n’est pas à la surface, où se trouve-t-il ? Parmi les hypothèses envisagées, une partie pourrait échouer sur les côtes ou avoir coulé au fond de l’eau.
Les images impressionnantes brandies par les médias s’expliquent par des phénomènes d’accumulation d’algues (les sargasses) stockant des morceaux de plastique, ce qui donne l’impression d’un amas de déchets en surface. Elles proviennent généralement de zones proches des côtes terrestres de la mer des Sargasses.
Le 7ème continent de plastique n’est donc rien de plus qu’un fantasme pour frapper les esprits et laisser penser que la pollution, ainsi concentrée, serait simple à résorber. Or, la réalité est plus complexe et nécessite une réflexion globale, en particulier sur les solutions à développer en amont de la pollution.
D’où vient le plastique présent dans les océans ?
Contrairement à une idée répandue (notamment diffusée dans le documentaire de Netflix Seaspiracy), la pêche industrielle représente 8% de la pollution des mers** et n’en est donc pas la principale responsable, même si elle a des effets délétères sur les océans.
De la même façon, il est faux de penser que les grands fleuves ont une part importante de responsabilité dans cette pollution. Dans les faits, seuls 7% du plastique en milieu marin proviennent des rivières***.
En réalité, 90% de la pollution plastique vient de sources terrestres, en grande partie de pays à faible ou moyen revenu, ce qui met en évidence la nécessité de se concentrer sur des solutions locales.
Le plastique en mer peut-il être collecté ?
Chaque année, plus de 14 millions de tonnes de déchets plastiques sont déversées en mer et seuls 0,6% se trouvent à la surface, laissant le reste au fond de l’eau ou en partie dégradé en microparticules.
Il est donc illusoire d’espérer collecter cette matière ou de plonger pour récupérer les déchets au fond des mers. L’essentiel est donc invisible pour les yeux et tenter de recueillir ces microparticules représenterait un risque non négligeable d’endommagement de la biodiversité du milieu marin, composée, entre autres, de micro-organismes et de plancton.
Qu’est-ce qu’on peut faire ?
Face à tous ces constats, les principales solutions sont d’abord sur terre. S’il est illusoire de vouloir collecter les microparticules de pastique présents en mer, il est urgent de tout faire pour empêcher cette pollution de se déverser. Comme le défend Plastic Odyssey, il s’agit de « lutter contre la pollution plastique en mer en agissant à la source : la terre ».
La priorité absolue réside donc dans la réduction drastique de la production de plastique. Comment ? En développant des alternatives au plastique, en éveillant les consciences et en faisant changer les habitudes de consommation.
Parallèlement, il est essentiel de systématiser la gestion et le traitement des déchets. A l’instar des Etats-Unis, premier consommateur de plastique au monde, de nombreux pays exportent leurs déchets plastiques dans des zones, notamment en Asie, où ils sont peu ou mal recyclés. Aujourd’hui, seuls 9% des déchets plastiques sont recyclés. Pour passer à la vitesse supérieure, une volonté des acteurs politiques et économiques est indispensable.
Les bonnes nouvelles
Selon une étude de BPI France-Le Lab, près de la moitié des dirigeants français estime que les investissements doivent intégrer un objectif environnemental****, ce qui se traduit en grande partie dans le développement des politiques de RSE.
Ajoutez à cela la prise de conscience de la société civile et la multiplication des actions en faveur de l’économie circulaire et de la protection de l’environnement, et nous avons toutes les raisons d’espérer voir la situation s’améliorer.
Retrouvez le rapport de Plastic Odyssey sur ce lien.
Pour découvrir l’ensemble des actions de Plastic Odyssey, rendez-vous sur leur site : plasticodyssey.org
* Eunomia-Plastics-in-the-Marine-Environment-2016
** Study to support the development of measures to combat a range of marine litter sources
*** https://ec.europa.eu/environment/marine/good-environmental-status/descriptor-10/pdf/MSFD%20Measures%20to%20Combat%20Marine%20Litter.pdf
****https://lelab.bpifrance.fr/get_pdf/1041/bpifrance_le_lab_etude__une_aventure_humaine_les_pme-eti_et_la_rse.pdf